Près de la mer, Abdulrazak Gurnah – Tanzanie

« Je ne dis pas que le passé soit sans importance – savoir ce qui est arrivé pour comprendre où nous en sommes, comment nous sommes devenus ce que nous sommes, et ce que nous révélons de nous, c’est important. Mais je ne veux pas de récriminations ni de toute cette affaire de famille, de toutes ces rumeurs sourdes qui remontent toujours plus loin dans le passé. »

P.298

Bonjour à toutes et tous,

Aujourd’hui, grâce à Abdulrazak Gurnah, nous partons à la fois vers la Tanzanie, et plus précisément Zanzibar… mais également vers le Royaume-Uni, où sont arrivés, il y a plus ou moins longtemps, Rahjab Shaaban Mahmud, autrefois appelé Saleh Omar, et Latif Mahmud. Le premier a soixante-cinq ans, et a demandé asile à son arrivée sur le territoire britannique. Le second, plus jeune, y vit et y travaille depuis la fin de ses études. Leur point commun ? Ils viennent tous les deux du même endroit, y ont connu les mêmes personnes et partagent un passé partiellement commun.

La première partie du roman se centre sur l’arrivée de Saleh Omar à Gatwick et sa demande d’asile. Aborder cela sous son point de vue, de manière très vivante et concrète, était une belle entrée en matière. Nous faisons ensuite la connaissance de Latif, et de ce qui l’a amené en Grande-Bretagne, en passant par Dresde, à l’époque en Allemagne de l’Est. La suite du roman, je vous la laisse découvrir…

L’écriture d’Abdulrazak Gurnah est vivante et modulée, et les pages se tournent sans que l’on s’en rende compte. Cet auteur, prix Nobel de littérature en 2021, nous conte ici d’une écriture riche et crédible, le parcours de deux hommes nés à Zanzibar, l’un marchand de meubles, l’autre alors enfant. Il nous raconte en même temps l’histoire de cette île, et son évolution avec tout d’abord son indépendance (Zanzibar était alors un protectorat britannique) puis son rattachement à la Tanzanie.

Il nous raconte également la place de la famille, son poids, parfois, et la place qu’elle prend dans l’identité personnelle. Il nous montre que selon le point de vue, une situation peut être interprétée très différemment, et que parler, échanger, confronter, reste encore la meilleure manière d’ouvrir son jugement à la perception de l’autre et de faire la part des choses. Les personnages de Saleh et Latif sont très bien développés, et leur confrontation face au passé se vit intensément ; le tout est rédigé sans fioritures, mais avec un ton juste. Abdulrazak Gurnah est un vrai un conteur, et j’espère avoir l’occasion de continuer à découvrir son œuvre.   

En résumé, un roman intense, très bien écrit, des parcours de vie et une histoire d’exil qui valent la peine d’être découverts…   

Ma prochaine étape me mènera en Jordanie, à la rencontre de quatre jeunes femmes et un jeune homme qui ont des choses à partager.

À bientôt !

« Sa voix s’était radoucie, mais elle était à présent plus contrainte qu’onctueuse, et douce officiellement, laborieusement. Est-ce que je parle anglais ? Peut-être que oui, peut-être que non. J’avais retrouvé le rythme de sa respiration. »

Près de la mer, p. 23

4 commentaires sur « Près de la mer, Abdulrazak Gurnah – Tanzanie »

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